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Beyond Lifting

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Une entrevue avec Rosalie Dumas suite à sa première expérience à l'extérieur dans l'équipe Canadienne au championnat panaméricain senior à Guayaquil, Équateur où elle a validé un arraché à 97 kg et un épaulé-jeté à 107 kg.

  • Quelle était ta mentalité durant les semaines avant le départ ?
  • Durant les dernières semaines, j’étais inquiète à cause de différentes douleurs qui ressortaient. J’avais l’intention de réussir mes 6 essais et d’obtenir une médaille à l’arraché. Comme première compétition internationale, je voyais ça comme un test pour voir si je pouvais faire face à la pression, au changement de cadre, et comment je me comportais avec de la compétition dans ma catégorie.
    Cela m’a permis de me projeter pour les trois prochaines années.

  • Quelle chose cela ta fais réaliser ?
  • Ce qui compte dans une compétition c’est d’assurer un total puis tu peux jouer une médaille.

  • Quels étaient le ou les objectifs ?
  • Abigail m’avait donné conseil avant de partir et je l’ai appliquée. Je devais rester dans ma bulle, seulement penser à mes essais sans me préoccuper de ce qu’il y avait sur la barre ou de ce qui se passait autour de moi. C’est ce que j’ai fait et cela a très bien marché à l’arraché.

  • Comment s’est passé le voyage ?
  • Le 3 novembre, ils ont annoncé que je compétitionnais 1 jour en avance, mais on avait déjà les billets donc j’ai eu une journée de préparation de moins là-bas.
    C’était un stress supplémentaire, mais je ne pouvais rien faire contre ça donc j’ai arrêté d’y penser. Le départ fut le vendredi et le voyage a duré 12 heures d’avion. Arrivé à 9h à l’hôtel où on a rencontré l’ensemble de l’équipe canadienne.
    Nous sommes allés manger après avoir déposé nos affaires. C’est là que j’ai réalisé que c’était une grosse compétition en voyant les autres équipes et des médaillés de haut niveau dans l’ère de repas.
    Cela m’a fait réaliser que j’avais atteint un autre niveau. J’étais fière et confiante dans mon parcours.

  • Comment était le contact avec les autres délégations ?
  • À la table à côté de nous le soir, il y avait des entraîneurs et athlètes de l’Argentine. On a sympathisé avec eux et on s’est rendu compte que tout le monde connaissait mon entraîneur, Ciro Ibanez via Instagram. On a parlé d’entraînement et de la situation en Argentine dans le sport de haut niveau.

  • Comment s’est passée la première nuit ?
  • J’ai dormi comme un bébé. Je me suis réveillé le lendemain à 8h30 pour aller manger le petit-déjeuner.

  • Qu’as-tu fait avant la pesée ?
  • Vers 11h30, on est parti vers la zone de compétition. Je croyais que cela allait me stresser de voir les athlètes compétitionner, mais finalement cela m’a fait très plaisir de voir des filles que je suivais sur les médias sociaux lever en vrai.

  • Comment s’est passée la pesée ?
  • À la pesée à 14h, j’ai pesé 79,95. La nourriture n’était vraiment pas bonne là-bas et pas « Rosalie friendly » donc je n’ai pas beaucoup mangé et j’ai perdu 1kg que j’aurais du avoir sur la balance.
    Après la pesée, on est retourné voir la compétition. C’était les -96 kg hommes où j’ai vu Keydomar faire son record panaméricain de 214 kg à l’épaulé-jeté.
    Une heure avant la compétition, je suis allé me coucher dans une salle réservée aux athlètes qu’il y avait proche de la salle d’échauffement.

  • Comment s’est passée la compétition ?
  • Dans la salle d’échauffement, j’avais en diagonale, Valeria Rivas de Colombie, en arrière, Yudelina Mejia de République Dominicaine et à ma gauche la Brésilienne Amanda Schott. J’étais la plus proche de la sortie pour faire les essais.
    Dans mes dernières compétitions, je pouvais prendre 85 kg arraché en puissance, mais là, je n’arrivais pas. La barre ne montait pas. J’ai fait mon dernier essai d’échauffement à 90 kg puis je sorti à 92 kg.
    Après mon 1er essai, j’avais 4-5 personnes avant moi donc on a fait 2 arrachés à 85 kg. Selon mon entraînement, mon 2e essai à 95 kg était pour mettre 100 kg au 3e, mais comme c’était ma première compétition, on est resté conservateur à 97 kg.
    L’essai du 97 kg m’a semblé durer éternellement, mais il a été validé et la pression est retombée.
    Après les arrachés, mon entraîneur m’a dit de sortir de la zone d’échauffement, car il faisait trop chaud. Cela m’a peut-être sorti de la mentalité de compétition, mais il faisait vraiment trop chaud.

  • L’arraché s’est très bien passé, tu as établi un nouveau record personnel de 97 kg, mais cela n’a pas été la même chose à l’épaulé-jeté. Que s’est-il passé ?
  • J’ai commencé plus tôt que pour l’arraché à m’échauffer. L’échauffement s’est bien passé en règle générale, mais j’étais comme moins concentré. Je me demandais à chaque essai si je le prenais en puissance ou pas.
    Avant de faire mon premier essai à 107 kg, j’avais fait 100 kg en puissance très facile. En montant sur la plateforme, je me suis posé la question si je le faisais en puissance puis là, je me suis dit non. Ce constant questionnement m’a déconcentré de mes essais.
    Je voulais monter le poids, mais mon entraîneur disait qu’il fallait assurer le total. Lors des essais, c’est comme si je mettais tellement de puissance que cela me surprenait au niveau de la réception et je me pressais, surtout lors des jetés.
    Le premier 107 kg a été refusé pour un coude et le 2e je l’ai validé. Pour le 3e essai, on a annoncé 115 kg et je m’échauffais à 95 kg. J’ai demandé à mon entraîneur 116 kg finalement, car cela aurait été un nouveau record personnel.
    Quand j’ai levé le 116 kg, j’ai eu cette petite voix qui m’a fait : « Dis donc c’est quand même lourd 116 kg ». Au jeté, j’ai perdu la barre en avant en sortant trop mes fesses.

  • Comment te sentais-tu après avoir terminé tous tes essais ?
  • J’étais vraiment déçu d’avoir perdu la barre de 116 kg. Je n’étais pas fière de moi. Toute la préparation des derniers mois était pour cette compétition et j’étais prête à lever ces barres. On a fait tout ce voyage pour une performance très moyenne. Je me dis : « Plus jamais, plus jamais je ne me déplacerais si loin pour manquer des barres comme ça et décevoir mon entraîneur et mes proches ».

  • Comment était la pression sur la plateforme ?
  • Les lumières sur la plateforme ne permettaient pas de distinguer le public donc je n’ai pas été dérangé ou stressé par le public.

  • Post-compétition ?
  • On est retourné à l’hôtel aux alentours de 18h pour prendre une douche et je me suis couché quelques minutes. Puis on est allé manger. Le serveur m’a donné un filet de poulet dans mon assiette, mais j’ai argumenté pour en avoir un 2e, car j’avais trop faim après la compétition. En plus, ce n’était pas bon.
    On a pu rencontrer les autres athlètes membres de la délégation canadienne. On se voit rarement, surtout ceux dans d'autres provinces donc c'était cool d'avoir pu passer du temps avec eux.

  • Tu as pu observer les autres athlètes compétitionner et s’entraîner, qu’as-tu noté de différent ?
  • L’équipe de travail pour les athlètes était impressionnante. Masso, chiro, médecin, constamment présent et prêt à répondre aux questions dans un centre sportif avec toutes les installations pour s’entraîner, récupérer et étudier. Bien que cela soit un sport individuel, il s’entraîne en équipe et les plus grands aident les plus jeunes.
    Cela m’a motivé encore plus, car je veux être du niveau de ces athlètes.

  • Qu’est-ce qui ta surprise le plus ?
  • L’équipe des États-Unis est énorme. Tu te déplaçais quelque part, tu avais tout le temps quelqu’un des États-Unis qui s’entraînait, se promenait ou discutait. Presqu’autant d’entraineurs que d’athlète.

  • On sait qu'il y a encore de grandes inégalités hommes/femmes dans le sport (même en 2021), ex : un revenu énorme est alloué aux Canadiens de Montréal vs les Canadiennes (équipe féminine). Est-ce que c'est également le cas en haltérophilie? Notamment au niveau de l'importance accordée, des récompenses, etc.
  • Je n’ai pas l’impression qu’il y a de différence de traitement des athlètes au niveau du genre. Ce n’est pas quelque chose qui m’a sauté aux yeux. Par contre, c’est sur qu’il y a beaucoup plus d’entraîneurs masculins que féminins. En même temps, cela ne fait pas très longtemps que les athlètes féminines ont été intégrées en haltérophilie et l’âge moyen des entraîneurs se situe autour de 50 ans. D’ici une dizaine d’années, le nombre d’entraîneurs féminins devrait augmenter vu le nombre croissant d’athlètes féminins.

  • Que ferais-tu pour améliorer ton expérience la prochaine fois ?
  • Arriver 2 jours avant ma compétition, histoire de prévenir si mon heure de passage change et d’avoir au moins une session d’entraînement avant ma compétition et voir comment s’organise la compétition pour ne pas être stressée par les déplacements et autres.
    Je vais aussi apporter de la nourriture avec moi.

  • Quel est ton prochain objectif ?
  • Arrivé au championnat canadien sans les douleurs que j’ai actuellement et mes défauts au jeté corrigés.

  • Ta mentalité a-t-elle changé depuis ton retour ?
  • Avant je me demandais tout le temps si j’avais ce qu’il fallait pour performer au niveau mondial. J’ai douté plusieurs fois, mais après mon expérience des panaméricains, j’ai senti que j’avais beaucoup plus à donner. Je sens que j’ai ma main sur la poignée de porte et qu’elle demande qu’à être ouverte.
    Un psychologue du sport serait intéressant pour travailler mon mental et ma confiance en mes capacités.
    Quand je regarde les autres athlètes, j’ai l’impression qu’ils tirent tellement plus fort que moi et avec plus de difficultés alors que quand je regarde mes vidéos cela a l’air tellement facile donc il y a forcément plus de kilos que je peux mettre sur la barre pour arriver à la même difficulté ressentie que ces athlètes.

  • As-tu une nouvelle résolution vu qu’on approche de la fin d’année ?
  • Planifier une préparation physique pour corriger les défauts et renforcer ma structure pour éviter les douleurs et les blessures.