Le choc de deux systèmes

Un sport de haut niveau à toujours deux facettes. Il y a ce que l'on peut voir et ce qu'on ne voit pas ; la fameuse métaphore de l'iceberg. En haltérophilie, il y a la plateforme de 4 mètres par 4 mètres et l'échauffement, il y a la compétition et l'entraînement, il y a ton gym et les autres.

Il n'est pas toujours évident de démêler le faux du vrai. Il est plus facile de conclure rapidement plutôt que de s'atteler à un travail de recherche et de communication.

Quoi de mieux alors que d'aller rencontrer des athlètes d'un autre système pour obtenir une meilleure perspective de sa réalité?

En allant en France pour représenter le club ASPTT Strasbourg au premier match de la saison du Championnat de France des clubs, j'ai pu constater les particularités d'un système sportif centralisé et financé par un gouvernement dans le but de rendre fière la nation aux jeux Olympiques.

En tant que sport olympique, l'haltérophilie en France bénéficie d'un financement conséquent et d'un système de recherche des futurs champions via des centaines de clubs dispersés à travers le pays.

Si le financement de ces clubs dépend de nombreux facteurs qui me sont encore mal compris, une chose est vraie partout. Le sport doit être accessible à tous.

Les salles d'haltérophilie ne demandent qu'une affiliation annuelle pour l'accès, les entraîneurs sont payés pour leur travail et sont d'une passion extrême.

Au Canada où aux États-Unis où tout est payant jusqu'à être le meilleur de son pays, on fait facilement les gros yeux quand on apprend qu'aucune compétition/événement en France n'est payante.

Quand nous sommes constamment à la recherche de nouvelles idées de création de capital pour réduire le fardeau financier de nos athlètes, les français n'ont qu'à se préoccuper de tirer jour après jour. Les meilleurs athlètes finiront au centre de formation national de Paris, l'INSEP, pour réaliser leur rêve olympique.

Les Soviétiques l'avaient compris, les Bulgares l'ont poussé au maximum et les Chinois l'ont copié pour devenir une véritable usine à champion. À un tel point que des athlètes chinois de niveau national lèvent beaucoup plus que les athlètes olympiques de la plupart des autres pays.

Pour performer, l'argent ne doit pas être une source de préoccupation pour l'athlète.

Invité par l'entraîneur de l'ASPTT Strasbourg, autorisé par la fédération canadienne et validé par la fédération française, j'obtenais les mêmes avantages qu'un autre membre de l'équipe.

Voyage en train vers le lieu de la compétition remboursé, voiture louée, hôtel payé, aucuns frais de compétitions et nourriture/eau disponible sur le lieu de compétition.

N'ayant aucune connaissance du système au préalable et ayant de la famille en France, je n'ai pas profité de ces avantages, mais j'aurais pu.

Il est vrai que l'organisation semblait de dernière minute, mais qu'importe à vrai dire. J'ai eu plus de sensation et de plaisir à compétitionner qu'à toutes les compétitions que j'ai pu faire avant celle-ci.

La création de champions olympiques passe par un système centralisé au travers d'une structure résilience et rassemblant des professionnels du sport dédié à l'atteinte de l'objectif olympique.

Malheureusement, l'existence d'une telle structure dépend aussi de l'unité du pays concerné et de la fierté de ces citoyens à créer des champions olympiques qui feront briller le pays d'une autre façon que par le raffinement de sable bitumineux.

Et au Canada, la réalité est que nous sommes très divisés quand il est question de fierté nationale.

Merci à Christian, son équipe d'entraîneur dévoué et les membres de l'équipe, David, Steve, Valentin et Bastien de m'avoir accueilli chaleureusement et m'avoir considéré comme l'un des leurs.